Le samedi 3 décembre à 9h30 nous quittons le ponton de Mindélo pour une traversée d’environ 2000 milles (soit approximativement 15 jours de mer) à destination de Salvador de Bahia.
Le moteur tourne pour déborder la pointe l’île puis les voiles prennent le relais, cap 210°.
Les lignes sont mises à l’eau, les poissons n’ont qu’à bien se tenir. En fait nous perdons 2 leurres et bas de ligne en peu de temps !!! Il faut revoir nos montages car à ce rythme nous n’aurons plus d’appât à la fin de la journée. Nous préparons un far breton et enfin une dorade coryphène vient agrémenter notre menu.
La première nuit est un peu agitée (il faut prendre ses repères), les siestes de l’après-midi seront bénéfiques. Préparation d’un crumble pommes – poires par Sylvie (délicieux comme d’habitude).
Les repas sont importants car ce sont quasiment les seuls moments de la journée où tout le monde se retrouve.
Les jours se succèdent et chacun trouve ses marques, la chaleur monte doucement, la pêche n’est pas au rendez-vous car de très nombreuses algues flottent à la surface de l’eau.
La pêche continue par de nombreuses prises de « hérissons de mer », Jean-Pierre abandonne.pendant 3 jours , des algues en quantité, rien à comprendre, pas de terre en vue !
Le 6 décembre un collier de serrage lâche et les 300 litres d’eau potable se retrouvent dans les fonds. Plus d’eau douce hormis le petit dessalinisateur qui produit 5 litres à l’heure quand il le veut bien et les bouteilles d’eau minérale.
Le 7 décembre une belle dorade coryphène de 132 cm est remontée à bord (on en mangera pendant 4 jours à toutes sauces !). Aucun bateau en vue.
Nous prenons de temps en temps des fichiers météo pour voir la position du pot au noir qui évolue sans cesse (crainte de tous les marins de cette zone sans vent avec de temps à autre des grains violents de 30, 35 nœuds accompagnés de pluies diluviennes, nous essaierons de prendre une douche collective sous un grain mais celui-ci s’arrêtera alors que nous sommes juste savonnés). Nous pensions avoir trouvé un passage mais celui-ci se referme alors que nous arrivons dessus pour se développer par la suite et nous accompagner pendant plusieurs jours, super !!! Nous sommes obligés d’utiliser le moteur pour avancer (autrefois certains bateaux sont restés bloqués 1 à 2 mois à se faire balloter par la houle !)
Samedi 10 décembre fabrication de pain, tarte au citron, cake aux olives, blanquette de poisson pour le dimanche !!! Excellent repas mais nous commençons à saturer du poisson.
Dans la nuit un cargo nous arrive droit dessus à 20 nœuds et Pascal doit l’appeler à la VHF (système de communication entre bateaux), il nous répond et dévie sa route (ns n’avons qu’un petit feu en tête de mât et sur l’immensité de la mer, à la passerelle d’un cargo on ne voit rien d’autant plus qu’ils ne font pas une veille attentive).
Le dimanche 11 décembre à 10H57 nous passons la ligne ! Certains sont baptisés mais pas tous qui ont réussi à y échappe (le capitaine subit le baptême alors que le « règlement » interdit aux équipiers de rebaptisé quelqu’un qui l’a déjà passé, on ne respecte plus rien !!!)
Dans la nuit un porte container de 270 mètres nous fonce dessus à la vitesse de 22 nœuds, Pascal doit l’appeler à la VHF, celui-ci nous baragouine quelque chose que nous ne comprenons pas, je le fais répéter mais pas mieux, je sais tout de même qu’il nous a vu et bien que tchi il continue sa route comme s’il n’y avait rien (je ne peux pas dévier ma route car j’ai peur qu’il l’interprète mal) et nous la coupe à environ 50 mètres. Un bateau que l’on voit apparaître à l’horizon met entre 20 mn et 30 mn pour être sur nous à cette vitesse.
Tous les soirs Jean attend sa copine « LA LUNE » mais tous les soirs elle se lève de plus en plus tard, 19H, 20H, 21H, 22H, 23H, 00H …alors il est de plus en plus triste !!!!
La nuit trouver le sommeil n’est pas évident car il faut trouver la bonne position, se caler et faire abstraction de tous les bruits, surtout de la dérive qui cogne violemment (comme dit Sylvie, elle fait chier cette dérive).
Le mardi 13 décembre une belle dorade coryphène est pêchée par Sylvie qu’elle aura de la peine à remonter avec le moulinet mais nous décidons de la relâcher car nous sommes encore saturés de poisson !!!
Le bateau gitant sur tribord et les toilettes étant sur bâbord l’évacuation est difficile et nous devons utiliser des bouteilles d’eau de mer pour mieux évacuer …
Le mercredi 14 décembre l’axe de la gazinière lâche, maintenant elle n’est plus sur cardan donc elle ne suit plus les mouvements du bateau, ce qui est ennuyeux …fini les bons petits plats …
Jean-Pierre nous prépare, alors que nous allons à plus de 7 noeuds, des galettes bretonnes (avec de la farine de blé noir bien sûr), galettes complètes, beurre sucre ....mieux qu'au restaurant !
Sur les derniers jours nous avons fait des moyennes de 160 milles sur 24 heures, nous sommes contents.
Nous continuons à bien avancer et le samedi suivant nous sommes proches des côtes et nous entrons dans la baie de tous les saints à 17 heures pour rejoindre le terminal Nautico. Sur le ponton beaucoup de monde nous attend, l’accueil est très chaleureux et une caipininha fraîche nous est servi.
Nous aurons mis 14 jours et quelques heures pour parcourir 2036 milles.
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